Generation "Petite Poucette"

Décryptage des comportements et modes de consommation de la génération Z


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Le « Borecore » ou l’ennui des ados sur la toile

n-BORING-large570Ultra connectés et sollicités en permanence, tout peut laisser croire qu’il n’y aucune place pour l’ennui chez les adolescents en 2015.

L’Observatoire de la vie numérique des adolescents a cependant mis en lumière une nouvelle tendance basée sur une enquête ethnographique visant à décrypter le sentiment des jeunes français face à internet.
Le sentiment principal qui ressort des entretiens est surprenant : « lassitude, trop plein, inintérêt ou encore disqualification des contenus et des services dont les jeunes font pourtant couramment usage ».

L’ennui des adolescents un mal de tous les temps

Les adolescents n’ont pas attendu les nouvelles technologies pour exprimer leur désœuvrement. On doit pouvoir trouver quelques hectares de couvertures de cahiers de texte décorés, sans compter des années de journaux intimes lus de leurs seuls auteurs.

Flaubert écrivait déjà en 1839 :
« Si je t’écris maintenant, mon cher Ernest, ne mets pas cela sur le compte de l’amitié, mais plutôt sur celui de l’ennui… » !

Luc Wise, Directeur général en charge de la stratégie de l’agence Herezie, explique :  » Quand j’étais plus jeune, après l’école, on prenait le goûter, on regardait un peu la télé puis on se téléphonait des heures avec les copains alors qu’on avait passé la journée ensemble. Parfois, on écrivait son journal intime. Aujourd’hui, ces rituels se sont digitalisés. C’est tout. Tout change pour que rien ne change « .

Les adolescents ne s’ennuient donc pas moins qu’avant, mais les outils numériques leur fournissent une capacité nouvelle à exprimer leurs sentiments de la façon la plus rudimentaire qui soit. L’ennui se partage et se donne désormais à lire.
L’idée est de partager avec ses amis, ceux qui vous suivent sur les réseaux, une esthétique de l’insignifiance. «C’est une façon de traîner virtuellement ensemble.»

Jenna Wortham, journaliste au New York Times a trouvé un nom à cette tendance, il s’agit du « borecore » traduire par « pur ennui ».

Le « Borecore » une pratique qui devient tendance

ennuiLes outils numériques seraient ainsi devenus un moyen pour la jeune génération d’évacuer son ennui et de le partager avec ses amis sans chercher forcément à trouver un remède contre ce sentiment.

En effet, pour meubler le vide, les jeunes produisent sur les réseaux sociaux un flot d’images et vidéos banales et sans intérêt : selfie mal cadré ou avec une expression morne, chambre vide, plafond, genou, télévision allumée…
Associez à ces images le hashtag #bored (plus de 85 millions d’occurrences sur Instagram), et vous obtiendrez le « borecore ». Les adolescents ne tirent pas de gratification autre que celle d’offrir du « lol » à la communauté et de partager leur « feeling » du moment.

Le geste numérique devient de plus en plus mécanique  » je pose mon sac, j’allume mon ordi, je vais sur Facebook, puis sur Twitter, puis sur VDM, puis sur Instagram : rien de palpitant, mais bon, c’est ma petite habitude « , dit une adolescente de 17 ans. Les réseaux sociaux pour nos ados c’est cela : une petite habitude, une routine quotidienne.

Finalement les ados s’ennuient depuis toujours (et c’est plutôt rassurant car c’est le signe qu’ils vont bien), seule l’expression de l’ennui, qui se vit aujourd’hui collectivement et digitalement, a changé.